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La ville de Venise et sa longue appartenance à l'Empire byzantin allaient avoir une importance majeure pour la future industrie verrière de la Sérénissime.
C'est en effet de l'Orient que les verriers de l'Empire Byzantin ramenèrent avec eux des secrets de fabrication sophistiqués et les différentes techniques permettant de créer de la vaisselle ouvragée et du verre dans une infinies variété de couleurs et d'aspect.
Dès le 10ème siècle, les premiers verriers s'installèrent dans la riche cité de Venise, déjà célèbre pour son goût du faste et de l'apparat. Le sable très pur de la lagune, disponible sur place à profusion, devient alors un matériau de choix pour
la fabrication du verre.
Les premières fournaises et les verriers étaient d'abord installés dans la ville même de Venise, disséminés un peu partout dans les différents quartiers de la ville.
Il faut se rappeler que la ville de Venise à l'époque était construite majoritairement en bois et les maisons au toit de chaume étaient collées les unes contre les autres le long des canaux.
Cette particularité allait être une des faiblesses majeures de Venise pour résister au feu, car dès qu'un incendie se déclarait, il se propageait à une vitesse extrême et ravageait souvent des quartiers entiers, quand ce n'était pas une grande partie de la ville.
Venise dut notamment faire face à de très graves incendies en l'an 976 et en 1106, incendies qui ravagèrent le Palais des Doges pour le premier et plus de vingt-quatre églises et six quartiers entiers pour le second.
En 1291, les autorités vénitiennes décidèrent alors d'interdire le travail du verre à l'intérieur de la cité.
Les fournaises et les verriers furent donc exilés sur l'Ile de Murano.
Cette décision présentait deux avantages majeurs. Elle permettait de protéger Venise du danger d'incendie provoqué par la multiplication des fournaises dans divers quartiers de la ville.
D'autre part, en concentrant la corporation des verriers en un lieu unique, elle permettait de protéger les précieux secrets de fabrication ainsi que l'entreposage des matières premières, et de surveiller étroitement tout individu tenté de vendre son savoir aux royaumes étrangers.
Les sanctions contre les artisans et les maîtres-verriers jugés coupable de vouloir s'exiler en dehors de la République pour exercer leur art étaient extrêmement sévères, allant de la crevaison des yeux jusqu'à la peine capitale.
Venise n'hésitait pas à envoyer sa police secrète aux trousses des déserteurs et les poursuivait jusque dans les pays étrangers, les ramenant de force ou les faisant tout simplement disparaître.
La verrerie d'art représentait un tel enjeu économique et un tel prestige pour Venise, que la Cité des Doges était prête à tout pour s'assurer de la sauvegarde de sa suprématie dans ce domaine.
Cette décision d'exil fit la fortune et la renommée de l'Ile de Murano qui devint dès lors le seul endroit autorisé à produire du verre dans la République de Venise.
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